MCCAW EST-IL LE BON CAPITAINE POUR LES BLACKS ?

Comment les médias étrangers préparent-ils la Coupe du monde en France ? Quel est leur regard sur la compétition, leur avis sur les favoris ? Quelle place accordent-ils à la grande échéance de l'année 2007 ? Chaque semaine, retrouvez les échos des grands titres de la presse internationale.



McCaw est-il un bon capitaine ?

La défaite a toujours du mal à passer en Nouvelle-Zélande, même si elle très rare, et le revers samedi en Australie (15-20) risque de laisser des traces chez les Blacks. Richie McCaw, capitaine emblématique et héros de tout un peuple, est ainsi très critiqué, et la presse locale remet même carrément en cause son capitanat en reprenant les propos d'Eddie Jones. Chroniqueur régulier dans différents journaux, l'ancien entraîneur des Wallabies a stigmatisé dans les colonnes du New Zealand Herald les questions que se posent de plus en plus d'observateurs : McCaw est-il le bon capitaine pour gagner la Coupe du monde ? Le problème semble se trouver dans le comportement du troisième-ligne envers les arbitres, et surtout son indiscipline qui coûte souvent des points précieux. Selon Jones, «le capitanat de McCaw est l'unes des raisons de la défaite, sachant que les nombreuses pénalités qu'il subit affaiblissent sa capacité à mener les troupes. De plus, il est incapable d'avoir une influence sur les arbitres, et il a même perdu le respect du corps aribtral en multipliant les fautes dans les rucks.» Bref, il ne donne pas l'exemple, et cela pourrait faire défaut à la Nouvelle-Zélande cet automne en France, où il sera particulièrement surveillé par les arbitres. Véritable idole en Nouvelle-Zélande, McCaw est un joueur exceptionnel et un formidable combatant, mais parfois à la limite de l'engagement. Sa place dans le XV titulaire des Blacks n'est absolument pas remise en cause, et Graham Henry a même balayé rapidement l'idée de lui enlever le capitanat. Appelés à se prononcer sur le sujet dans le quotidien, les lecteurs néo-zélandais soutiennent très largement le joueur des Crusaders, et continuent de le vénérer. Il n'empêche que la question est maintenant posée, et McCaw sera encore plus en première ligne en cas du moindre problème.


L'Afrique du sud virée de la SANZAR ?

A quelques jours du match entre l'Australie et une équipe d'Afrique du Sud B, privée de ses meilleurs joueurs, la polémique fait toujours rage à propos de la décison de Jake White de laisser au pays ses meilleurs éléments. Après avoir pensé annuler le match, la fédération australienne s'est ravisée, et espère bien que les Wallabies donneront une leçon sur le terrain. Mais l'affaire ne devrait pas en rester là et certains estiment même que l'Afrique du Sud devrait être purement et simplement exclue de la SANZAR, l'union des fédérations d'Australie, de Nouvelle-Zélande et d'Afrique du Sud, qui organise notamment le Super 14 et le Tri Nations. Dans une déclaration fracassante, reprise dans tous les médias du sud (New Zealand Herald, Sunday Morning Herald, The Independant.), David Moffett, l'un des fondateurs de la SANZAR, exprime sa colère : «Nous pensions que les trois équipes de la SANZAR étaient d'accord pour envoyer leurs meilleures équipes, et en fait, seules l'Australie et la Nouvelle-zélande ont envoyé en Afrique du Sud leurs meilleurs joueurs pour remplir les stades et les caisses de la SARU (NDLR : la fédération sud-africaine). Quelle a été la réponse de notre partenaire supposé ? Il envoie son équipe B. Si j'étais parano, je penserais qu'il y a eu un complot. Bien sûr, l'autre grand perdant dans cette histoire d'égoïsme, c'est la SANZAR et son partenaire financier, News Limited.» Conséquence selon lui, il faut tout bonnement se séparer des Boks : «Il est impératif que l'Australie et la Nouvelle-Zélande se séparent de l'Afrique du sud. Les Springboks agissent de plus en plus comme une équipe de l'hémisphère Nord, et bien ils n'ont qu'à rendre cela officiel et jouer les compétitions du nord. Et puis l'Australie et la Nouvelle-Zélande feraient une meilleure affaire pour les supporters, les joueurs, les sponsors et les télévisions en disputant trois matches de Bledisloe Cup, et en organisant une compétition Super 10 Trans-Tasmanie.» Moffett, anglais pur souche qui deteste ouvertement l'Afrique du sud depuis longtemps, termine sa diatribe par un cinglant : «L'égoïsme semble être la voie à suivre dans le rugby professionnel, il serait peut-être temps que l'Australie et la Nouvelle-Zélande s'y mettent aussi.» Cette opinion toute personnelle ne devrait pas être suivie de faits.


Larkham centenaire, Tuqiri suspendu

Le match Australie-Afrique du Sud, samedi à Sydney, n'est décidément pas un match comme les autres. Outre l'énorme polémique à propos de la composition du groupe des Boks, les Wallabies ont au moins deux raisons de ranger cette rencontre dans les annales avant même qu'elle ait eu lieu. D'abord, Stephen Larkham va rentrer dans le club très fermé des joueurs à cent sélections, et le génial ouvreur des Brumbies va écrire une nouvelle page de sa légende, avec son flegme habituel, comme le montre sa réaction : «Je crois vraiment que l'émotion interviendra après la rencontre. Avant il s'agira de bien faire le travail, comme d'habitude». Le public australien devrait en tout cas lui réserver une belle ovation, méritée, avant la rencontre. Lote Tuqiri, n'aura lui pas la chance de participer à ce match événement. Le fantasque ailier a été suspendu deux matches pour avoir manqué le rendez-vous médical, après avoir déjà dépassé les limites autorisées par les régles de la sélection en matière d'alcool. Il écope également d'une amende de 20 000 dollars. Recruté au rugby à XIII pour 6 millions de dollars, Tuqiri n'en est pas à sa première frasque, et les médias australiens ne se privent pas de le souligner, en rappelant que le Fidjien avait déjà été privé de deux tests en juin pour travailler sa vitesse. Le directeur exécutif de l'ARU, John O'Neill, a déclaré que la fédération n'avait «d'autre choix que d'imposer une suspension» même à un de ses meilleurs joueurs. Tuqiri pourrait perdre gros en vue de la Coupe du monde.